LA CÔTE D’ARGENT, UNE POINTE DE LIBERTÉ

Publié par Vent d'Autan le

L’immensité de l’Océan a le goût de la liberté, de la découverte, du mystère et des horizons lointains, rêvés et fantasmés. Il est temps de larguer les amarres. le vent se lève…

LA CÔTE D’ARGENT

Le ciel vient d’être ripoliné de frais. Une première couche d’azur s’étale en toile de fond, griffée de longues trainées rectilignes, surlignant les manques avérés de l’ouvrage de Titan. Quelques coulures aux encornures, trahissent l’empressement des préparatifs de l’évènement.

Au pied du chantier inachevé, tel un mikado géant, l’enchevêtrement de tubes métalliques traine sa carcasse squelettique, séborrhéique verrue disgracieuse. Aux premiers rayons de soleil les ouvriers se sont envolés, brefs oiseaux de passage, laissant en plan l’immense besogne, jonchée de pots éventrés, couleur bleu estival. Le reste, ne peut qu’attendre….

Juste avant la grande migration saisonnière, l’été vient à peine de débarquer, les derniers préparatifs vont bon train. Sortant de sa torpeur hivernale et de son train-train quotidien, la petite cité balnéaire s’est mise sur son trente et un, revêtue de son plus bel habit d’apparat, embellie de massifs sauvages jusqu’à la bordure de son front de mer, répliques architecturales des cordons dunaires qui bordent le littoral. Au pied des tamaris d’été, poudrés d’inflorescences rosées, les oyats ondulent sous la caresse des zéphyrs. Vent du Verdon, mets ton caleçon, vent d’Amélie, sors ton parapluie !

La plage sauvage © Vent d’Autan

La plage de sable blond étend sa longue couverture minérale jusqu’à perte de vue, déroulant son fil rouge jusqu’à l’embouchure de la pointe de Grave, se fondant dans les eaux tumultueuses de l’estuaire de la Gironde et se confondant avec les brumes vaporeuses de la ville de Royan.

Effleurant la surface des eaux verdâtres et bleutées de l’Océan, un tapis étincelant de reflets argentés sublime la tonalité des rivages de la côte, lui donnant le nom enchanteur de « Côte d’Argent », expression attribuée au poète Maurice Martin , qui décrit cet Éden comme s’étendant “de l’embouchure de la Gironde à celle de la Bidassoa, de Royan à Hendaye”.

La plage abandonnée © Vent d’Autan

La marée vient à peine de se retirer. Elle découvre des pans entiers de sable détrempé, parsemé de coquillages élimés et de milliers de galets polis par le perpétuel flux et reflux de la houle. A portée de vue, se détache la silhouette emblématique du roi des phares, phare des rois, incontournable figure du paysage local, Cordouan, sentinelle d’exception, offre au regard sa splendeur révélée du haut de ses soixante sept mètres, telle une fusée élancée à la conquête du ciel.

Vaporisés par les paquets de mer, les embruns du grand large enivrent, jusqu’à plus soif, l’air iodé de mille fragrances maritimes, teintées d’effluves océaniques. Porté par le souffle d’Éole, le bruissement des vagues chante sa douce mélopée.

Le temps suspendu © Vent d’Autan

Le temps semble s’être suspendu en chemin, juste la douceur de vivre l’instant présent. Ici, à la pointe du Médoc, face à l’océan Atlantique, les marées rythment la vie et l’univers de ce territoire intimiste au parfum de secrets, emprunt du souffle de l’estuaire. Lieu privilégié affranchi de tout artifice.

Jusqu’à la pointe de l’horizon, aussi loin que porte le regard, l’immensité des flots et cette mystérieuse étendue mythique, charmeuse et sensuelle, délicieuse divinité de Poséidon, souverain des mers et des océans. Ô céans, Océano nox, esprit sacré du grand large qui, depuis la nuit des temps, nourrit toujours l’imaginaire des Hommes. Il est temps de larguer les amarres, le vent se lève…

LA LIBERTÉ ÉCLAIRANT LE MONDE

La Liberté éclairant le monde © Vent d’Autan

Au pied de barres d’immeubles cubiques et disgracieux, autres verrues ostensibles d’une époque passée de mode, en bordure de la petite route départementale, un curieux monument suscite quelques étonnements malgré l’indifférence quasi générale des estivants de passage.

 A l’abri de l’effervescence de la cohue touristique, esseulée en ce lieu de solitude, délaissée sur son vaste piédestal, le regard pointé au lointain vers le grand large, du côté de sa sœur ainée aux accents Américains, la statue de la Liberté trône sur son socle, toute de bronze vêtue, vestale impériale défiant les temps et les éléments les plus farouches.

L’Océan engloutit l’horizon © Vent d’Autan

Au coucher de soleil flamboyant, quand l’Océan engloutit l’horizon, Nyx enveloppe le soir bordé de poussières d’étoiles. Drapée dans les plis de sa toge patinée, la dame étend la lueur de sa flamme dans les torpeurs nocturnes. De l’autre côté de la grande étendue d’eau salée, dressée dans la baie de New-York, la liberté éclairant le monde salue la pointe de l’aube, incessant ballet quotidien du jour à la poursuite de la nuit.

Statues des symboles, coiffées de la fameuse couronne de rayons représentant les 7 mers ou les 7 continents, de part et d’autre de l’infini de l’Océan, les dames de lumière veillent au grain, sur la liberté des peuples, par delà les frontières, au-delà de toutes les mers du globe.  

« La Liberté  commence où l’ignorance finit »  Victor Hugo