L’EMPREINTE DE LA VÉNUSTÉ
En vertu de la Création, et, plus encore, de l’Incarnation, l’Art, sous quelque forme qu’il puisse emprunter et sous laquelle s’impulse sa puissante métamorphose, s’inscrit en lettres d’Or dans la sacralité, avec cette majuscule, signe premier de l’alphabet.
Quel serait et quel pourrait bien être le point commun, point d’ancrage, nœud architectural, lien impensé, entre un poète érudit franco-chilien , un fervent animateur d’atelier de lecture à voix haute et un individu sommaire, noyé dans l’anonymat des foules ?
Des mots, rien de plus que des mots. Inestimable collecte d’une infinie sommité de mots, amassés, collectés, compilés, rassemblés, assemblés au sein et au cœur d’une œuvre cathartique, fruit d’un intense et fiévreux labeur, porté aux nues par la fougue, la transe, et la passion d’un rêve bien éveillé. Aboutissement ultime d’un projet aussi fou qu’insensé, tout autant que puissent l’être les artistes habités par l’extase, solitaires face à l’entêtement de leur périple de traverse.
Au hasard d’un marché aux puces, sommeillant dans un bric- à- brac ordinaire d’objets encombrés, un vieux carnet aux pages écornées attendait, avec cette infinie patience, qu’un regard de poète s’en émerveille et l’éveille ainsi à la vie. Et le déclic s’incarna en fulgurance, faisant vibrer l’instant de cette rencontre. Une histoire improbable, un rien invraisemblable, extraite d’un conte de fées, retranscrite en journal imaginaire, où fiction et réalité se drapent dans le raffinement de la sculpture antique de la Vénus encordée.
Entre prose et poésie, tout le talent de Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, mis en exergue sous la plume du poète transcendé. Figure héroïque oubliée, témoin révoltée du pillage organisé des œuvres spoliées par le III° Reich, elle participe au sauvetage de ce patrimoine culturel. Son combat aurait pu sombrer incognito dans la fosse à oubli des anonymes, mais le hasard n’avait pas encore prononcé son dernier mot.
Bouleversé par cette rencontre impromptue, faisant vibrer des instantanés de vie, Carles Diaz, poète historien de l’art a mis toute la quintessence de sa sensibilité artistique et l’intégralité de son talent à redonner ses plus lettres de noblesse, à celle qui se dévoua corps et âme au service de l’Art, beauté des Dieux accordée aux simples mortels, en guise de rédemption.
En vertu de la Création, et, plus encore, de l’Incarnation, l’Art, sous quelque forme qu’il puisse emprunter et sous laquelle s’impulse sa puissante métamorphose, s’inscrit en lettres d’Or dans la sacralité, avec cette majuscule, signe premier de l’alphabet.
Dans l’infini sillage des Muses, l’histoire profonde et singulière qu’il nous raconte et nous transmet, est celle du défi des hommes, incantation divine qui sommeille au plus profond de toute âme humaine. Cet Art sacerdotal, noble et Olympien, qui transcende et élève l’humanité jusqu’aux plus hauts sommets de la magnificence, au point de zénith où la lumière irradie les Cieux. Il nous inspire, il nous transporte, il nous fait rêver et il nous ouvre les portes d’un Univers à contre courant. Une ode intime à l’harmonie du monde.
Fruit de la puissance des Dieux conjuguée au talent des hommes, dans la multiplicité des ses formes d’expressions, l’Art s’exprime dans l’Absolu et représente la Beauté, manifeste de l’accomplissement. La patine des temps ne fait que révéler la splendeur du geste, la grâce de l’instant, et le souffle des Dieux qui traverse les siècles. Radieux et flamboyant, l’Art, jamais ne s’éteint.
Extrait de sa gangue du quotidien, l’Art prend l’aspect de cette vénusté, intime exaltation qui transperce le fil des temps, à travers les âges, fixant l’instant, le transportant jusqu’aux portes de l’immortalité. Incantation de la transfiguration jusqu’aux portes du sublime.
Sous le ciel apaisé, des torrents de lumière.