PETITES FUTILITÉS AU SOLSTICE DE L’ÉTÉ

Publié par Vent d'Autan le

« L’été se marque non moins par ses mouches et ses moustiques que par ses roses et ses nuits d’étoiles » Marcel PROUST

L’apogée saisonnière à son point d’acmé, au paroxysme de sa fulgurance passagère. Au terme d’une sémillante ascension voilà les jours qui stagnent d’un immobilisme latent, contraints malgré tout à la décrépitude fatale de l’apodose à venir. Ainsi se chevauchent les saisons à la bascule des temps. Alternance jour nuit. Solstice d’un jour, fête du feu sacré, étincelle des corps enfiévrés par le crépitement des flammes.    

Courant mai, au grand dam des flâneurs noctambules, une tempête solaire d’une rare intensité s’en est venue colorier la coupole du ciel de lambeaux de rose et de draperies de violet, festival d’aurores boréales semblables à de fabuleux récits de voyages par delà les pôles. Voilà que s’invite sous nos latitudes la féerie de ces grands espaces de solitude bordés d’inexorables nuits.

Autre évènement tout aussi exceptionnel, en ce soir de juin, juste avant les premiers balbutiements du jour, cet incroyable spectacle avec l’alignement rectiligne de six des huit planètes du système solaire : Mercure, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Au faîte de la voûte céleste, l’impression d’une ligne droite tracée à même le ciel par une main divine.

Véritable trait d’union au sein des myriades de constellations. Signe des temps ou divine prédiction avant que le ciel ne tombe sur la tête de ceux de l’en bas. À l’aube de nouvelles promesses, l’horizon sublime de nouvelles trames de lyrisme poétique pour rendre ces moments aussi palpables que possible. Lève tôt, insomniaques, curieux et rêveurs, le nez en l’air, la tête dans les étoiles.

Au pied levé sur les sentiers de la dérobade, peu à peu les ravissements  printaniers cèdent le pas aux serments estivaux, le temps de ces amours éphémères que chacun conserve au creux de son jardin secret.  Cet élan ascensionnel pour lequel des cohortes juvéniles se sont éveillés au sortir de l’enfance. Premiers soubresauts d’une période féconde. Des jeux puérils de l’enfance jusqu’aux  badinages d’idylles d’un nouvel âge d’or.

Lents ou rapides, les gestes n’exprimant point cette même effervescence flirtant avec les tonalités de l’été. Silhouettes qui se frôlent, girouettes en goguettes. Esprits et corps qui s’épanchent dans les émois des fleurs de l’âme. Le temps des beaux jours, le temps des amours. Embrouillamini de chérubins et de cupidons enrobés de rubans ondulants.

Quelques jours par ci, quelques jours par là, entre clé des champs et coulée verte, à découvrir entre deux siestes crapuleuses (mais pas que) ces petits bouts de monde bien moins archaïques qu’il plaît de faire croire. Ourlées de verdure, tant et tant de songeries à parcourir sur les versants de cette nonchalance après laquelle courent tant de citadins pressés par la réalité quotidienne qui entrave leurs songes. Juste un pas de côté. Destination vacances.