NOUS ÉTIONS ILLUSOIRES
La vie s’était arrêtée, stoppée net. Aux quatre coins de la planète, les parcs, les jardins d’enfants, les bistrots, les restos, les marchés, les théâtres et les cinés affichaient porte close. Il flottait dans l’air cette ambiance nauséabonde de funestes souvenirs de film catastrophe. L’Humanité claquemurée, mise sous cloche, en quarantaine. Vieux rêve de dictateur des consciences.
Nous étions empêchés
Dépêchés d’obéissance
Privés de liberté de circuler
Cloitrés entre nos quatre murs.
Nous étions entravés
Contraints par soumission
Assignés à résidence
Confinés malgré tout, malgré nous.
Nous étions retranchés
Enfermés, reclus, cloitrés,
Simples sujets de restrictions
Prisonniers de l’étau prohibitif.
Nous étions figés
Paralysés dans des postures improvisées
Parqués, entassés, enclavés,
Raisonnables par force de contradiction.
Nous étions bafoués
Citoyens de non droit
Fichés, fliqués, géo localisés,
Épiés dans nos humeurs et nos angoisses.
Nous étions irresponsables
Frappés de ridicule
A la croisée d’injonctions paradoxales
Dans l’attente du jour fatidique.
Nous étions fragiles
Malades potentiels soumis à restriction
Devenus serviles à foison
Dociles par rédemption.
Nous étions aseptisés
Tributaires de nos vertiges
Vaccinés de nos pulsions mortifères
Nos libidos sous ordonnance.
Nous étions pétrifiés
Au bord de l’écume
Attendant la déferlante
Qui devait nous laminer.
Nous étions misérables
Pantins de pacotille
Vivants sous la menace
Du fléau des évènements.
Nous étions tétanisés
Manipulés, manipulables
Sous emprise, sous domination
Pétris d’obéissance.
Nous étions bâillonnés
Murés dans le silence de nos angoisses
Priés de nous assujettir
Sommés de nous taire.
Nous étions décérébrés
Peuple de moutons lobotomisés
Soumis à la dialectique étatique
Sujets contrariés par soumission.
Nous n’étions rien
Nos libertés peau de chagrin
A la botte et à la merci
De ceux qui gesticulent nos lendemains.
Nous étions humains
Vulnérables et tangibles
En proie à notre destin
Redevenus simples mortels….