CE QUI EN NOUS NE SAURAIT S’ÉTEINDRE

Publié par Vent d'Autan le

Au détour d’une ruelle © Vent d’Autan

Éveiller nos sens à la folle exubérance de la nature qui nous entoure. La sensation de cette étreinte y est plus que délicieuse. Et malgré les tâtonnements que chacun expérimente, l’on ne se lasse guère de la regarder passer. Quintessence de la Terre, du feu, de l’air, de l’eau.

Au détour d’une ruelle abandonnée des clameurs de la foule de passants volages, l’irrésistible force d’un regard poignant dont nul ne puisse se détourner, pris au piège de cet impressionnisme en trompe l’œil. Incorrigibles rêveurs, les poètes ont cette étonnante ferveur à scruter le monde au travers d’une loupe d’orme qui leur sied à merveille. Chacun d’entre eux nous offrant ainsi à nous autres, gens scrupuleusement ordinaires, cette vision si particulière en décalage de nos quotidiens encombrés. Tout est dans le détail florissant de ce qui nous entoure. On ne regarde pas avec les yeux mais avec l’âme.

A rebrousse plume © Vent d’Autan

Animé de cette inépuisable ferveur d’aventurier de la plume, Albert Camus, à pas chuchotés, nous surprend aujourd’hui bien plus encore, à sans cesse nous émerveiller de l’extase des saisons qui défilent dans le silence du fil des jours. Prose inspirée d’annotations et de pensées griffonnées sur de petits bouts de papier. Simple impression d’un intime ressentiment comblé par une trouée de timide soleil à l’aube frissonnante.” L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur. » 

A la pointe du jour © Vent d’Autan

Un mois après l’avènement de l’équinoxe automnale, la période nouvelle vient de prendre ses quartiers au travers de l’univers de nos paysages communs. Premières gelées blanches à la pointe du jour. Matinées éphémères, figées en délicates nappes de brume. Fougueuses et sublimes après-midi inondées d’intenses rayons de soleil. Automne de tous les contrastes pour le ravissement de la prunelle de nos yeux. De l’aube à la tombée de la nuit, une mosaïque de sensations à portée de main. Juste cueillir l’instant furtif de ce décor de féerie. Carpe diem.

Petit matin au soleil timide © Vent d’Autan

Face à l’éphémère beauté des paysages ondoyants, il est plus qu’urgent de vérifier par soi même la véracité des dires de cette maxime d’un tout autre temps. A l’heure d’aujourd’hui, l’impertinence des propos de l’humaniste engagé sont-ils toujours d’actualité ? En ces temps endémiques d’embrouillaminis ont-ils encore raison d’être? L’équilibre auquel nous aspirons aurait–il un sens profond, terré dans l’antre de nos illusions ? De fil en aiguille, plusieurs directions sont possibles, mais où s’en aller à sillonner inlassablement, en solitaire, les endroits  les plus inaccessibles ? Pourquoi rester accroché à nos croyances, tapis sous l’amoncellement de nos torpeurs nauséabomineuses?

Ivresse de teinturier © Vent d’Autan

Si les passions sont inépuisables, le charme discret de ce généreux spectacle, quant à lui, reste sans cesse renouvelé. En parfait équilibre, avec tout ce qui influe sur le cours de nos vies, à la lisière de tant de petits plaisirs oubliés. Voilà qui nous invite à déambuler le long des chemins de traverse. Émergence d’un temps florissant, nimbé de ce parfum de griserie comparable à la volupté d’une ivresse perdue. Inoubliable vertiges de la genèse des saisons.

Ciel d’ocre © Vent d’Autan

Par torpeur incrédule, ne sachant plus très bien bien à quel Saint innocent se vouer, Glinglin,Thomas ou autre apôtre du dénigrement, invoquer quelconque dieu païen serait blasphématoire. Le ciel et ses prairies sauvages ne sauraient attendre davantage.Vite, avant que l’été indien n’éteigne l’ardeur de sa flamme et que nos peaux rouges ne perdent leurs plumages cuivrés!

Capteur de rêves © Vent d’Autan

Et si quelques clichés égrappés, au gré d’une escapade bucolique à travers champs, suffisaient à figer l’instant. Folâtrer, batifoler, badiner, flâner, balbutier dans le sillon des coups de vent. Un jour hors du temps. Intime voyage parsemé de curiosité. Esprit libre à la lisière des péripéties, de ce qui en nous ne saurait s’éteindre.

L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires.” Paulo Coelho