CERTAINS JOURS LE VENT EST L’ÉTERNUEMENT DU DIABLE

Publié par Vent d'Autan le

« D’un autre côté, rencontrer le diable pour danser avec lui n’est pas sans intérêt. » Hervé Le Tellier

À flanc de ciel, refuge de l’invisible miséricorde. Voué aux jours éternels un ange, embué de lueurs capiteuses, s’affaire à effacer les faux plis de nuées d’ailes froissées. À tire d’elles la chute libre des encombres, pâle et terne clarté des limbes précipitées par la divine Providence. Tombé des nues, à cor et à cri les diables de la nuit profèrent la parole du prince des anges déchus. Malgré l’obscur strié d’indulgences ce n’est pas encore la nuit qui livre bataille.

Maugréant avec mauvaise humeur félonies et fourberies, les déliquescents marchands d’âme apostrophent pauvres pêcheurs en mal d’inaudibles suppliques. Sous le tourment des médisances, pêle-mêle les voiles du temple lacérées à l’épreuve de la Foi. À pied d’œuvre le vertige de citadelles coupables d‘hérésie, embuées de mains tremblantes à ce moment de vérité qui étreint les serments. Sans grand enthousiasme la pitié guide les moments de vérité, exposés aux risques et aux contraintes de cette procession de pénitents voués au murmure perpétuel. Le néant célébré d’entre les faiseurs d’épouvante.

Ne sachant plus très bien à quel saint se vouer, à tâtons entre luxure et volupté, les uns rattrapés en vol par la patrouille des mœurs, les autres ceints d’esprit, crucifiés au pied du Golgotha sous le feu croisé de chapelets de lazzis. Une fois de plus cette pauvreté d’esprit qu’est la bigoterie renvoie dos à dos vice et vertu. Loin des salles obscures, au pied de la croix et de la bannière l’hypocrisie d’un baiser de Judas travesti entre dévergondage et bestialité.  Haine des corps, haine des désirs, haine des pulsions, péché originel, péché vénal. Les anges asexués, mystification érotique qui camoufle le vice des hommes de chair.

Sur les chemins bourbeux agrippés à de dangereuses ténèbres, ni l’angélus, ni l’oraison nocturne, qui ne viennent déposer à bout de bras l’éloge de la soumission, jouissance divine sans grand souci de s’épuiser en fardeaux de songes enragés. Espérant étreindre les ombres fuyantes, entre deux élans d’effroi les rares lueurs de la terre se perdent en noirs profonds et flamboyants dans le repli des champs environnés. Sous prétexte fallacieux bouillonnant de sève nouvelle les damnés du ciel en ordre de marche, souscrits à l’ordalie de l’univers des bas-fonds.

Tout à vau-l’eau, à l’arrière des remparts de la citadelle, le reflet des basses œuvres fustige martyres et écorchés comme une guenille d’épouvante de supplices éternels,  bien plus sombre et encore plus féroce que l’âpreté de leurs pensées troubles. Tout en vociférant une volée d’imprécations en guise de rédemption d’un fanatisme à cru.

À bout de force, cette lueur falote qui dès potron-minet se balance à bout de bras, rudoyant les ombres dans l’embasement des cieux. Un long soupir de soulagement et le silence sans écho revêtu de sa plus belle couronne d’épines, comme pour vouloir garder pour lui seul son tissu de mensonges réduit à néant avant l’heure du sacrifice. Certains jours le vent est l’éternuement du diable.

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