TAURO-MACHOS

Publié par Vent d'Autan le

La tauromachie © Henri de Toulouse Lautrec

La couleur pourpre de l’hémoglobine répandue sur le sable souillé.

Les mots viennent à manquer tant ce spectacle là est si affligeant, si désobligeant, un cru d’ignominie à l’amer goût d’infamie. Comment entendre, comment supporter et comment cautionner cette communion mortifère de ces furieux  convives conviés à cette invective populaire ? Et l’on ne peut s’empêcher de ressasser en boucle ces paroles de Francis Cabrel.

Cet affligeant spectacle de la cruauté révulse au plus haut point jusqu’au plus profond de la dignité humaine. Quelle est cette force ténébreuse, cette passion sournoise et cette pulsion morbide qui exhortent ces aficionados à jouir en toute impunité de la mise à mort d’un noble représentant de l’espèce animale ?

Comment peut-on s’avilir jusqu’à un tel point de non retour ? Respect, dignité, une vie sur le fil de l’épée sacrifiée au nom de la connerie humaine. On trouvera et on inventera toujours des mots vertueux et festifs pour enjoliver l’absurdité de la tradition dans la traversée des sommets d’ignominie dont seul l’humain semble coupable.

Macabre cérémonial d’une mise à mort, jouissance, excitation, perversion, diablerie, l’orgie de la barbarie et de la cruauté élevé au rang de l’héroïsme charnel. La couleur pourpre de l’hémoglobine répandue sur le sable souillé. L’odeur acre de la mort qui flotte en suspension sur la plazza. L’ultime éclat d’une vie à bout de souffle. Le murmure d’une agonie étouffée par les cris de la foule en proie au délire. Un destin de taureau noir ébène qui bascule sur le carreau.

Toute la violence d’un massacre sanctifié, porté aux nues de l’indicible du sacrilège. L’acmé du sacrifice originel, offrande expiatoire aux Dieux, le devin foulé aux pieds de l’arène. L’obscure lumière d’un soleil noir que l’on appelle corrida. Le toréro dormira sur ses deux oreilles… 

Catégories : Bourrasques