PÉRIPLE D’UNE EXPOSITION TEMPORAIRE
L’idée même de toute transformation, vivace, opiniâtre et parfois insolite, est en soi une incursion qui fait parfois la part belle aux faux fuyants, ne cessant de s’étendre, de grandir et même de mûrir.
Sous leurs faux airs quelque peu désabusés, chacun tête baissée vers le sol en un seul et même rêve puéril, avec grande persévérance et sévérité, scrutent les premiers balbutiements de l’aurore pour un nouveau salut au jour neuf. Parfaite harmonie de l’emblématique cycle des champs de nos campagnes ouvrant les portes d’un univers tout aussi énigmatique qu’envoûtant.
Des gras labours d’automne jusqu’aux abondantes moissons estivales, l’alternance des saisons poursuit inlassablement sa métamorphose des paysages, levant le voile sur autant de facettes plus intimes, enracinées dans l’éternel fil rouge du règne végétal. Douces créations éphémères qui composent autant de propositions rêveuses jalonnant les chemins dont on ne cesse de sonder le sens.
À peine sortis de terre que les premières pousses pointent déjà vers le ciel, lancées dans cette course folle à l’excroissance démesurée comme si l’œuvre, à la fois si puissante et si fragile, devait s’affranchir du temps très court imparti. De la germination des sols fécondés jusqu’à l’apogée de l’épanouissement floral, toute la plénitude d’une jouissance fugace et sauvage, qui fait rayonner ardemment ces bribes de poésie déferlante. Voilà donc l’été !
Au delà de cette effervescence spontanée, le spectacle vibrant, aussi vieux que le monde, ne cesse d’intriguer le décor presque banal, offrant cette respiration entre calme et verdure au faîte des chaleurs caniculaires qui plombent le ciel. À chaque flambeau du jour, ce nouvel évènement sans cesse renouvelé, mouvement perpétuel crée sur mesure pour cette partition au soleil inscrite dans la cosmogonie des grands récits mythologiques.
Au détour des chemins détournés à travers les campagnes où se déploie l’univers bucolique des harmonies de la nature, ces parterres émaillés de gigantesques soleils couleur orangé apparaissent telle une richesse providentielle. Bordant les sillons jusque dans les replis des ornières, chacun d’entre eux y déploie sa plus intime chorégraphie à travers son propre attachement à ses racines ancestrales.
Frappés de plein fouet d’héliotropisme, à poursuivre inlassablement la chevauchée de l’astre divin, ces fleurs merveilleusement audacieuses n’ont cesse d’alimenter les croyances au fil des siècles et à travers les civilisations. Symbole d’inébranlable loyauté, elles laissent paraître comme une folle impression de piété et de fidélité absolue, tout autant que de férues adeptes de foi en proie à d’éternelles admirations.
Associée à la couleur remarquable de leurs pétales jaunes, orange et rouge vif, leur forme si caractéristique incarne toute la puissance divine de la symbolique solaire. Heliantus Annuus. Tournesol commun. Virasolelh. Fleur du soleil, œuvre monumentale quelle que soit la couleur du ciel et la tournure des résurgences. Vibrant art de plein air. Comme une exposition temporaire à laquelle chaque matin on ne cesse d’applaudir.