ENTRE LUSTRES ET VERTIGES
Et tout change inexorablement comme si chaque jour se devait d’être un éternel recommencement. Témoignage de l’histoire des civilisations et des hommes qui traversent la chronologie de chaque instant, aussi précaire soit-il. Déchéance d’une fin annoncée.
Peu à peu, les lueurs antiques qui, de toute part, rayonnaient de mille feux flamboyants, se sont assoupies, englouties dans le silence de l’oubli. Au gré des métamorphoses, le siècle des Lumières s’est éclipsé sous la trame des temps, inscrivant cette tranche d’Histoire dans la lignée des transmissions. Chaque génération ayant pour vocation de laisser ici bas, l’inéluctable trace de son passage, si bref soit-il. Quelque chose se défait, se dissout en insaisissables échappées.
Malgré tout, les stigmates du passé s’infiltrent dans la mémoire des lieux, replis de cette permanence, figés dans l’éphémère, le flou, le vaporeux, ne s’éclipsant jamais des chemins secrets où le temps n’a pas légion de s’immiscer. Bien qu’il n’efface point les traces, il les estompe tel un onguent, baume de toute blessure temporelle, les marques finissant par s’atténuer comme une étrange liturgie en guise d’absolution.
Et tout change, inexorablement, comme si chaque jour se devait d’être un éternel recommencement. Témoignage de l’histoire des civilisations et des hommes qui traversent la chronologie de chaque instant, aussi précaire soit-il. Une fois les bougies soufflées, les temps succombent à un profond sommeil. Déchéance d’une fin annoncée.
Que reste-il des fastes d’antan ? A vouloir découvrir la richesse et les secrets de trajectoires ascensionnelles de cette glorieuse épopée, consacrée à l’avènement de cette mutation providentielle, où faisant fi de toutes lois sociales et environnementales, le monde se devait de s’incarner en révolution industrielle, entrainant dans son fulgurant sillage un tourbillon de bouleversements sociaux et humains, jusque dans les moindres recoins de territoires les plus reculés.
Sous la patine des temps, corrodés par cet engourdissement flaccide, les ors quelque peu délabrés encombrent aujourd’hui le cœur de la petite cité dortoir, jadis besogneuse ruche ouvrière, en proie aux mutations du nouveau monde. Enveloppé sous le dôme de la nuit, l’ex fleuron de l’industrie locale, intangible verrue de carcasse désarticulée, esquisse les traits architecturaux de son inquiétante silhouette, grignotée par l’implacable doctrine des quatre éléments déchainés. Stigmates d’espoirs anéantis.
Éparpillés dans la mémoire des anciens, cette époque que l’on eût crue faste et glorieuse, se gomme au fur et à mesure de la disparition des dernières têtes blanchies, témoins mélancoliques tour à tour endormis, les regards précipités vers la terre, dans l’orbe des destinées.
Face à la perpétuelle mouvance de la sphère humaine, sous l’influx des fluctuations, la barbarie des époques à jamais sacrifiées, se renouvelle dans le perpétuel flux et reflux de l’intempérance de tout excès. Chaque génération étant le fruit de ses propres cheminements. Ainsi fuitent les temps réduits en cendres.
Au lointain, la plainte du vent emporte les derniers souvenirs, effaçant toute trace, tout passage, de ce qui ne fût qu’un épisode faufilé à travers les âges. Dans l’agonie du monde, illusions vagabondent.