RES PUBLICA
Efflorescence de passion, graine d’émotion, solaire et lunaire à la fois, solitaire butineuse des bleus à l’âme, Elle fait vibrer à l’unisson le cœur des hommes et s’illuminer le sourire des femmes.
Si pour certains, Elle n’est plus qu’une utopie éventée, avant tout état de fait Elle est, et Elle demeure une réalité publique pour ce monde que nous voudrions meilleur pour chacun d’entre nous. Elle est ce lien de solidarité intrinsèque à la rencontre des périples humains.
Principe de vie, précepte philosophique ou simple vue de l’esprit, Elle nous invite à grandir, à nous dépasser et à nous transcender au-delà du narcissisme primaire ambiant, en dehors des idéaux politiques, des totems religieux et de tous concepts raciaux qui sclérosent les rapports humains. Prendre soin de l’Autre, c’est un peu prendre soin de soi. Frère de sang, frère de cœur, frère de couleur, frère de douleur, avec Elle le tragique destin de Narcisse en eût été changé.
Je voudrais sans la nommer lui rendre hommage…
Jolie fleur effarouchée, frêle et sauvage, Elle n’est plus tout à fait jeune ni tout à fait belle. Elle a quelques rides plissée de révolte, quelques marques indélébiles des temps honnis.
Malgré les multiples coups bas, Elle reste joyeuse, pétillante et pétulante, optimiste malgré tout et surtout profondément humaniste. A consacrer sa vie aux idéaux de sens commun, Elle s’inscrit en lettres d’or, au fronton des maisons du peuple, en triptyque Républicain.
Avant tout, Elle se résigne à tout cynisme de mauvaise vertu. Elle est Unie vers celles (Universelle) et unis vers ceux qui n’osent plus ni tendre la main, ni soutenir un regard d’indulgence, tant ils sont reclus, déboutés de tout principe d’humanité, abandonnés dans les tréfonds obscurs et abscons de la folie humaine des désespoirs. Elle est ce cri de doux leurre, rêve d’enfant qui tout à coup devenu réalité.
Efflorescence de passion, graine d’émotion, solaire et lunaire à la fois, solitaire butineuse des bleus à l’âme, Elle fait vibrer à l’unisson le cœur des hommes et s’illuminer le sourire des femmes. Criante de vérité, Elle est ce respect mutuel et sincère qui force les destins les plus empêchés.
Coup de foudre, coup de tête, coup de folie ou coup de grâce, Elle reste source d’indignation, terre d’asile de poètes en exil, pupille des nations qui crèvent. Inéluctablement, Elle nous rappelle tout à chacun la défiance des contradictions de l’intolérance latente et des défis sans cesse à réinterpréter, sans cesse à réinventer.
Ritournelle de guinguette éphémère, Elle est celle qui fait chavirer les visages pâles sous les flonflons des villages endimanchés. Hors du temps, hors des lieux, partout et nulle part, Elle est ce lien indéfectible qui nous lie jusqu’à la lie. A la vie, à la mort.
Esprit des consciences endormies, manifeste des humanistes, profession de foi des enragées, déclaration universelle des droits de l’humanité, Elle est cet appel à s’indigner, cet appel à résister d’un certain 18 juin…
Face cachée de lune que l’on ne saurait apercevoir un soir d’étoiles filantes, Elle est cycle de vie, graine d’amour, semailles d’hiver, germinal de printemps, messidor d’été. Sous la lueur des réverbères, Elle est pudeur chuchotée des amoureux pubères qui frémissent d’un romantisme à la sensualité d’étreintes élégantes.
Imprévisible, insouciante fleur au fusil, Elle a l’anonymat des grands espaces avides d’immensité. Compagnon d’armes de toutes les tourmentes, frère de sang, sœur de cœur pour nous rappeler ce précepte immuable, qui au-delà de l’hypocrisie des Hommes, nous rend tous fiers, nous rend tous Frères ! Bien que n’ayant aucune valeur marchande, ni aucune cotation boursière, de partout aux quatre coins de l’humanité, sa tête est mise à prix, hors de prix. REWARD !!
Quand tout se lézarde en lambeaux infectieux, Elle susurre les maux, rythme le tempo. Elle est ce qui cri qui vient de l’intérieur, résonance de n’importe quel pays, de n’importe quelle douleur. Le blues comme chant de dévotion sans aucune fausse note.
Elle nous soule jusqu’aux abois, nous enivre dans cette ivresse collective gorgée de festins de bacchanales. Abreuvée de divins nectars, derrière les portes de la perception, sans doute un bon cru de liesse à venir. Chaleur humaine contre détresse inhumaine, immaculée conception, source intarissable de joie bousculant l’ordre établi.
Définition linguistique et incarnation du mot conceptuel « ENSEMBLE », à nous tous Elle nous ressemble, à chacun Elle nous rassemble au-delà des idéaux. Dans l’ordre et surtout dans le désordre des choses, Elle est besoin vital, fièvre fatale. Plaidoyer d’acceptation et de tolérance, juste équilibre fragile et délicat de l’essence de toute acceptation. Elle est ce bateau ivre, symbole de liberté, terreau d’égalité.
Si Elle n’est pas inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité, libre comme le vent, Elle se transforme au gré des courants et devient imprévue, imprévisible. Torrent de défiance pour défendre toute dignité.
Comme nous tous, Elle est l’écho de là bas, insouciante rhétorique des vertus. Là où on ne l’entend pas, où certains ne l’attendent plus, funambule des précipices sur le fil de l’autre côté des barrières. Elle est cette incorrigible incorruptible qui bouscule les fondamentaux.
Sans Elle, l’humanité aurait surement subi le funeste sort des dinosaures, mais qui s’en souvient encore ? La sixième extinction aura-t-elle raison de cette civilisation à venir ? L’homme moderne connectée 5 G dans son omnipotence et sa grandiloquence Olympienne échappera t’il à la trame de son propre destin ? Dans le palais voisin de l’Olympe, Clotho « La fileuse » file le cours de l’existence, Lachésis « La répartitrice » dispense le sort de chacun et Atropos « L’implacable » tranche sans fléchir le fil de la vie. Ainsi demeure impartial le rite sacré des Moires antiques.
Quitte à se bruler les ailes, la vanité des hommes reste insatiable, sans retenue et sans aucune limite. Dans la frénésie de ses plus vils instincts, il ne cesse de s’encenser, auréolé de gloire, et par-dessus tout de se croire éternellement divin. La démesure ne s’invente pas.
A vivre auprès d’un volcan, dans l’expectative d’une apocalypse annoncée, l’homme aura-t-il la sagesse d’affronter ses propres démons au-delà de sa décadence ? Cèdera-t-il aux objurgations des signes avant coureurs de la débâcle à venir ?
FRATERNITÉ, seras tu là ?
« Écoutons le génie de la muse, elle insuffle la force dans les esprits abattus et les êtres en détresse. En cela elle est divine. »
Sylvain TESSON