UN ÊTRE DE PASSIONS
En plein cœur de l’été caniculaire, la nuit, impartiale, s’était invitée à l’improviste, drapant le jour de son obscur manteau, voilé d’inextricables ténèbres. Entre les quatre murs nus, au sein de l’assemblée abasourdie par la violence du choc, résonnait un silence de cathédrale, solennel et architectural, affecté de miséricordes divines.
Malgré les masques de circonstances imposées, au travers de cette multitude de paires d’yeux baignés de larmes, quelques visages familiers, immobiles et hébétés, qui révélaient l’infâme détresse, terrible cruauté de la déchirure des évènements. Les mains moites, tremblantes de douleur et de tristesse infinie, tous étaient là, pour un dernier hommage à celui qui s’en allait compter les étoiles, quelque part à l’orée de cet horizon perdu, à la poursuite des comètes.
Tandis que les hommages les plus intimes se succédaient en flots d’éloges, le souffle court, à perdre haleine, perdus dans un abîme de pensées, chacun éprouvait au mieux ses propres émotions, teintées de chagrin et de peine, tous submergés par le torrent dramatique et impétueux de sa propre condition humaine. Les mots, s’interloquaient et s’entrechoquaient en collision d’astres déchus, cherchant un sens plausible, une signification possible, une raison convenable face à l’absurde tragédie de la vie. Tout se défait ainsi, dans l’amertume de la nuit.
Il y a ceux qui partent sans laisser d’adresse, et puis tous ceux qui demeurent ici bas, en ces lieus de désolation, pétrifiés d’effroi, engloutis dans les profondeurs incommensurables de la douleur humaine. Où peut donc les mener leur long et douloureux voyage ? Une parole, un geste, une lueur, une éclaircie.
De l’exil jusqu’à la renaissance, parler de lui, entretenir la mémoire, poursuivre la route, tracer son chemin de croix, affronter son destin, se relever pour mieux se révéler, persévérer coûte que coûte, continuer d’être et d’exister, à l’épreuve de sa destinée. La vie sans arrêt dans l’équilibre de l’harmonie, loin des jours sombres.
À Benoît