SYMPHONIE DES PERSÉIDES
Au creux de l’oreille, du bout de ses lèvres inconscientes, quelqu’un lui avait murmuré que « la Terre est bleue comme une orange »…
Au creux de l’oreille, du bout de ses lèvres inconscientes, quelqu’un lui avait murmuré que « la Terre est bleue comme une orange ». Une invitation lyrique à contempler les parades nuptiales de Nyx, déesse antique de la nuit, dont seuls les poètes ont cette intime délicatesse à enrubanner de papiers crépons multicolores les simplicités de l’œuvre de la vie.
Assis sur le rebord du monde, pieds nus dans l’herbe grasse, la tête dans les astres qui brillent au firmament, il contemple ainsi, en solitaire accompli, l’immensité de la voie lactée parsemée de lointaines galaxies. Sous le crissement psalmodique de milliers de grillons mis en verve, comme un petit « grillonnement » dans la tête, la lumière des astres s’élève pour devenir céleste.
A perte de vue, quelques milliards de luminaires déposés sur cette gigantesque toile de fond. Un immense océan inondé de scintillements de lueurs chatoyantes, toutes aussi étincelantes les unes que les autres. Constellée d’un véritable amas de poussières lumineuses, la voûte céleste, féerie du flamboyant, scintille au fond des cieux sous une pluie d’essaims d’étoiles filantes se précipitant dans le ciel nocturne. Les Perséides, ou plus poétiquement “ Larmes de Saint-Laurent ” s’invitent à la grande parade estivale.
Cent mille millions d’étoiles déployées dans cette infinité de points lumineux, et aux confins du cosmos, les nébuleuses ondoyantes qui scintillent de mille éclats de diamant. Certaines ont une queue de comète comme un ciel de traine, d’autres jaillissent en éclaboussures pareilles à des perles de rosée. Toute la magie d’un feu d’artifice embrasant les hauteurs de l’empyrée par mille feux zébrés de rayures d’or et d’argent.
La ligne d’horizon n’en finit plus de s’étendre au-delà des confins infinis de l’espace. A l’orée de l’espace temps où s’engloutit la matière en de mystérieux trous noirs, au plus profond des tourbillons galactiques, le chant des danseuses éphémères crisse en poussières larmoyantes, résonnant dans toute sa splendeur cosmique. Chaque nuit, passagère, rallume les étoiles dans le ciel de traine et dans le cœur des hommes.
Les dimensions vertigineuses de l’Univers l’entrainent dans cet intense tourbillon au point de lui faire tourner la tête. Il perd pied. Une sensation d’immensité infinie le bouscule, ni le temps, ni l’espace ne signifient désormais plus rien. Comment savoir si l’Univers est-il fini ou infini ? Le mystère des astres reste cette insondable énigme universelle.
Il reste là, sans voix, contemplateur, rêveur, poète, pêcheur de lune, simple spectateur de ce festival des lumières. C’est à l’aube que s’éteignent les étoiles.