RUMEURS D’INDOLENCE

« L’horizon souligne l’infini.» Victor Hugo
Fondu, confondu en une seule et même ligne de fuite, l’horizon à cru, se mirant dans les replis de l’infini, berné par l’illusion qu’il effleure le sol de la pointe des pieds. Là bas, évanoui dans le lointain, à perte de vue l’immense toile de fond tendue dans le murmure d’écharpes de soie où le temps d’un songe s’abîment vaines chimères. Le vent, les paquets de mer, les filets de lumières. Quelque chose de nébuleux, amalgamé dans le reflet de fausses réalités dont chacun a un temps bercé ses propres miséricordes. Indéchiffrable présage ébauché en filigrane.
Bien que la décrue des jours à venir ait entamé son labeur de fond, l’été de la folle saison résiste encore à la tentation d’en finir. Quelques soubresauts et autres gaudrioles, tout contrit de se savoir malmené de façon si prémonitoire. Acculées en ultimes tressaillements, égarées dans l’obscurité les ombres se glissent dans le plissement des cieux. Rien qui ne déchire la nuit.
L’esprit bougon, vaguement furtif, clopin-clopant les derniers estivants rebroussent chemin, bien peu enclins à rejoindre les tracasseries du quotidien. Une tasse de café noir. Une dose de nonchalance. Retour au bercail. Tandis que Bison futé voit rouge, les uns et les autres broient du noir. Et dans le rétroviseur de leurs guimbardes bondées jusqu’au toit de tas de souvenirs, la plage abandonnée aux ricochets des grandes marées. Coquillages et crustacés, éternel rengaine de fin d’été. Soudain quelques lignes immobiles — vaines, inutiles.