PARENTHÈSE

« Pour voyager léger, videz vos vieilles valises de regrets, de remords, de chagrins et de soupirs. »

Pas à pas le jour décline tandis que les lueurs s’estompent avec la langueur du soir. Un viel homme fait sa valise. Coins écornés, croûte de cuir avachi. Rien à l’intérieur, le néant, gouffre béant de solitude. Passé défait, sillons noirs d’encre. Lendemain éclipsé, chapelet d’illusions froissées.

Une vie de patachon, un jour par ci, un autre par là. Existence anodine, effacée des regards.  Anecdote volage et sentimentale, aux antipodes de la raison. Débris d’un naufrage d’espérances. Et tout au long du parcours, des lieux anonymes, souvenirs de débâcle. Navrantes futilités qui font rêver à d’autres mondes. L’innocence perdue entre les brumes des âges bénis. Vertige du néant.

Redoutable pamphlétaire, barbouilleur sans talent, propos dénué de sens. Quelques milliers de pages envolées, éparpillés dans le semblant des banalités. Les nuages qui ne font que passer. Les étoiles qui s’esquivent à la déroute des champs de lune. Tel un arbre décharné au sortir de l’hiver, le voilà nu, sans habit et sans âme. Esclave d’une irrévocable destinée.

Seul sur ce quai déserté. Les pas qui résonnent, rien de plus. Attendre le prochain train. Un homme sans illusion et sans histoire, face au crépuscule de son dénouement. Faut-il ouvrir la boite de Pandore ou bien s’absoudre du courroux divin?