OÙ SE SONT ÉVANOUIS LES MOTS

Grosso-modo, les semailles de mots disséminés à la volée sur les quelques pages vierges, dissipaient soudain l’attrait de tout sens critique, au point de ne paraitre que vulgaire désidérata d’articulation grammaticale, drapée dans des volutes de brume.

Sur la pointe des pieds, dans un fluet pas de deux, à coups de mouvement de corps effleurés et d’attitudes chaloupées, ils s’enlaçaient dans cette mélopée de successions d’ivresse collective, étrange danse au gré de sueur et d’humeur fantasque, à ressasser la même ritournelle.

Bien que le thème abordé, explicite à souhait, se soit imposé par la contrainte d’un récit désarticulé ; sans prévenir, l’architecture lexicale vint à prendre des penchants de Tour de Pise. A tout point de vue, le projet mené tambour battant, paraissait un temps soit peu démesuré, jeté en pâture à quelques apprentis écrivains en herbe, donc aucun ne percevait le bout du tunnel, promesse de délivrance de leur imaginaire débridé.

Le sort en fût jeté, les dés avaient parlé ! A l’heure fatidique où la cloche tintait les cinq dernières minutes de distribution des pintes de jus de houblon, les mots s’embourbèrent dans ce maelstrom de purée de pois Londonienne. Sherlock y cherchait en vain le mot clé, énigme de la fin.

Comment ne pas voir la réalité en face et continuer à se voiler la face de la sorte ? Pourquoi se mentir à tel point et ainsi édulcorer, parfum menthe à l’eau, ces histoires abracadabrantes sans queue ni tête, à dormir debout certains soirs de crises d’agrypnie?

Intercalées entre phonèmes et mots, fermées ou entravées, ouvertes ou libres, accentuée ou atones, voir muettes, pénultièmes et anti pénultièmes, les syllabes, extraites au forceps du corpus étymologique des mots, n’étaient plus que vulgaire appoint de substitution à cette arnaque littéraire d’écriture à l’emporte- pièce. Cruel désappointement pour amoureux du verbe en panne d’inspiration.

Faudrait rallumer la lumière dans ce foutu compartiment !