D’AUTRES LIGNES D’HORIZON

Dans son long manteau noir obscur

La nuit glaciale drape d’un voile délicat

Chaque infime parcelle d’infortune

Constituant un monde bien étrange

Au creux des épaisses brumes hivernales.

Territoire de l’imaginaire

 Rempli de mystères et d’inconnu,

La Nuit étreint le monde

Pour un ensorcelant voyage

De l’autre côté du miroir d’Alice,

Au pays des limbes et des merveilles.

Dans l’intime secret de la forêt,

Le hululement troublant et mélancolique 

D’une chouette effraie le silence de l’obscur,

Tel un rêve étrange et pénétrant.

A l’aube du crépuscule,

S’interposant entre la nuit et le jour,

Les premières lueurs séparent les frontières

Du Ciel et de la Terre fondus dans l’obscurité,

Tissant dans la pénombre diurne

De fines banderoles de lumière tamisée.

Une colonie d’albatros échoués sur l’asphalte

Longues ailes de métal déployées,

Attendent en cœur  la grande migration.

Terre d’envol pour de lointaines contrées.

Alors que les premiers rayons de soleil

Percent en flèches  la brume matinale,

Les longues silhouettes majestueuses

Des grands cèdres millénaires

Se détachent à contre-jour,

Silencieux et immobiles.

Même si rien ne pousse à l’ombre des grands arbres,

Au pied des conifères argentés

Une nuée de cônes de cèdre ourlés de givre

Tapissent le sol grisé par la froidure matinale.

Petits trésors  éparpillés au milieu de la mousse,

Tels des présents déposés au soir de Noël.

 Naufragés solitaires, brisés par la tempête,

Une blessure étrange dans le cœur.

Cabossés de la vie, des milliers bleus à l’âme,

Contre vents et marées ces héros authentiques

Déambulent dans un nouvel élan,

Le long des longues bâtisses de brique rouge.

Comme si ce monde restreint

Générateur de sérénité et d’espace

Restait leur dernière planche de salut.

Explorant de nouvelles voies

Au travers de leurs chemins de traverse,

Sous le regard bienveillant d’anges en blanc,

A l’écoute si généreuse et inspirée,

L’étreinte de ce lieu aux étendues silencieuses

Leur offre un havre de paix loin du tumulte.

Une Terre d’asile au cœur de l’essentiel.

Quelques rayons de soleil timide

Viennent caresser leurs joues écarlates.

  Au pied des cèdres à la conquête du ciel

Les premiers cônes vont éclore.

Leurs écailles vont s’ouvrir

Pour libérer de nouvelles graines à vivre.

Sous les rafales de l’Autan,

Les fantômes de l’angoisse s’évaporent à l’horizon.

Un sentiment d’éternité traverse l’azur du ciel

Comme une bouteille à la mer.

Grâce aux Ténèbres, on peut enfin voir la Lumière.

Briser les barrières pour un nouvel eldorado,

Se défaire des griffes du passé

Et s’’affranchir de l’illusion d’un avenir bien  meilleur.

Prendre le temps de s’arrêter l’instant d’une pause

Et retrouver l’art subtil des délices de l’abandon,

Vivre une vie authentique et surtout 

Être et rester intensément conscient :

 « ICI ET MAINTENANT »