COMBIEN DE SOLITUDES

L’altération de sa personnalité l’avait foudroyée à la candeur de l’aube. Certaines personnes vivent en vase clos, recluses de leur monde intérieur, piégées entre compromis et aménagements avec soi-même. Parfois, une brèche s’ouvre, salutaire, comme une ode à la vie. A ce jour, la danse reste la seule échappée à son emprisonnement mental. A mon amie, L.

Vacarme, tumulte, tintamarre, 

Les voix, tenaces et tenues

Étourdissaient  à tue-tête,

L’incessant ballet trouble fête.

Voix plurielles, voix multiples,

Qui lui faisaient tourner la tête.

Tout se mêlait et s’entrelaçait,

Fusionné, confondu,

Pour une étreinte solitaire

De dérapages incontrôlés.

Dans le flou décalé de la fiction du réel,

Impossible de démêler, le faux du vrai.

Rêve éveillé ou réalité augmentée,

La cacophonie des mots,

S’invitait par effraction,

Superposés, juxtaposés

Choquant, s’entrechoquant,

Foison d’apartés.

Les voix persistantes prenaient toute la place,

Occupant le moindre interstice,

S’infiltrant dans les recoins de l’intime,

En offrande bafouée, sur l’autel des sacrifices.

Indéfinissable quiproquo

Entre véracité et absurdité,

Certitudes à l’assaut de fragments d’incertitudes.

Le monde basculait de l’autre côté du miroir,

Au bord du gouffre abyssal d’illusions perdues.

Les voix avaient ouvert des brèches d’infortune,

Semant le doute sur le fil du rasoir,

Fractures multiples des surgissements de l’âme.

Exil solitaire qui hantait les jours 

Jusqu’au bout de ses nuits.

Dits non-dits, faits non-faits.

Entre véracité décalée et faux semblants

Les frontières de ses mondes défaits se diluaient

Dans l’intime confession et la révélation impudique.

Le feu sacré l’avait consumée de l’intérieur

Elle s’était embrasée comme un vulgaire fétu de paille

Le brasier l’avait engloutie dans le feu de son âtre,

Flammes de l’Enfer de ses tourments existentiels.

L’incantation des démons d’une existence fracturée

À corps et à cris avec les forces obscures,

Une vie morcelée à brides rabattues,

Dévoilée dans la tourmente, à couteau tiré.

Sur les cendres encore incandescentes

La terre se nourrissait de ce terreau d’infamies.

Du chaos originel allait éclore une fleur sauvage

Symbole de la poésie de cette douleur.

Les voix du grand incendie s’éteindront

Comme dans un rêve salvateur.

Polyphonie des voies de faits

A corps et à cri, l’écho d’une voix de fée.

Au crépuscule des idoles

L’ombre furtive s’incarna en lumière divine.

Elle traversa la scène à pas feutrés, à pas légers.

La danse pour dire l’invisible et l’innommable

Réconciliant le sens et le non sens.