ÉCRIRE C’EST…

L’écriture, aussi singulière soit-elle, se décline au pluriel. Au fil de la plume se déploie l’infini des mots.
Écrire c’est cueillir le fruit venu à maturité.
Écrire c’est tracer de longues lignes de crêtes sur le rebord des paysages.
Écrire c’est conquérir le bleu du ciel d’azur.
Écrire c’est plisser les yeux sous un ciel de traîne ombrageux.
Écrire c’est une farandole de mots.
Écrire c’est manifester l’avènement d’un ange.
Écrire c’est une faim en soi.
Écrire c’est cet appel mystérieux ressenti face au semis de l’aube.
Écrire c’est entrer en lumière.
Écrire c’est faire l’aumône d’une pensée sincère.
Écrire c’est franchir le Rubicon.
Écrire c’est se réconforter avec ses faiblesses.
Écrire c’est bousculer l’inattendu.
Écrire c’est l’étendard déployé au souffle du vent.
Écrire c’est l’infini, pas moins, pas plus.
Écrire c’est tomber des nues auprès du printemps tardif.
Écrire c’est l’instant d’une rencontre inattendue.
Écrire c’est broyer l’humeur de charbon des jours maussades.
Écrire c’est s’attarder par-dessus chaque mot.
Écrire c’est porter le silence à bout de bras.
Écrire c’est peindre des mots à l’encre du cœur.
Écrire c’est ciseler les brindilles d’un soleil de printemps.
Écrire c’est le fil d’un sommeil bordé de songes.
Écrire c’est souligner l’instant d’un simple trait de khôl.
Écrire c’est parsemer de petits cailloux blancs ce tortueux chemin de vie.
Écrire c’est esquisser du bout des doigts le vol des oiseaux migrateurs.
Écrire c’est la clé qui ouvre les portes que l’on croyait closes.
Écrire c’est ce petit ver luisant perçu dans la pénombre du soir.
Écrire c’est traverser la ligne d’horizon, là bas au lointain.
Écrire c’est bien plus fort que l’essentiel.
Écrire c’est ce mouvement suspendu ou l’aurore dévoile les mystères de la sorgue.
Écrire c’est rêver au bord des rivages de la vie.
Écrire c’est dépoussiérer les pages de son vieux dictionnaire.
Écrire c’est le privilège d’une main divine dont on ne saurait vouer le culte.
Écrire c’est ce pouvoir momentané d’arrêter le temps.
Écrire c’est partir à l’aventure du jour au lendemain, sans armes, ni bagages.
Écrire c’est poser un regard édulcoré sur l’infini des petits riens.
Écrire c’est un temps propice à la causerie.
Écrire c’est ce journal intime empli de nos états d’âme.
Écrire c’est broder des guipures de dentelle.
Écrire c’est le silence appliqué de cet atelier, où chacune des plumes cherche un brin d’inspiration.
Écrire c’est sentir sourdre la poésie.
Écrire c’est pouvoir se débarrasser de ces vieilles peaux mortes.
Écrire c’est la clarté qui perce au soupirail.
Écrire c’est un élan dont les éclats fusent comme un feu d’artifice.
Écrire c’est une mue printanière, amorcée juste après les frimas hivernaux.
Écrire c’est un tourbillon sans fin, un orgasme couché sur papier brouillon.
Écrire c’est cet enfant blotti au fond du cœur.
Écrire c’est cette pochette surprise que l’on n’a pas osé ouvrir, pour le simple plaisir des yeux.
Écrire c’est décrire les mots que l’on n’ose à peine prononcer.
Écrire c’est cet instant d’intense solitude, seul face à cette feuille blanche.
Écrire c’est cette lettre aux accents de velours que le facteur viendra déposer au creux d’une boite aux lettres.
Écrire c’est sentir crisser la plume sur papier velin.
Écrire c’est l’esprit qui guide la main, à moins que ce ne soit l’inverse, qui sait.
Écrire c’est cette part de friandise que l’on garde pour l’invité surprise, au cas où.
Écrire c’est un joyeux bric-à brac à se triturer les méninges.
Écrire c’est cet imbroglio dont on ne soupçonne pas encore l’existence.
Écrire c’est valser avec les chimères de la nuit.
Écrire c’est le fruit cueilli trop vert qui s’adoucit avec le temps.
Écrire c’est cette plume tombée du nid, rehaussée d’une touche de poésie.
Écrire c’est le poète en quintessence de vers à rimer.
Écrire c’est ce bateau ivre tanguant sous la houle, aux supplications éperdues d’un phare dans la tempête.
Écrire c’est l’amour qui file entre les lignes sans souci du lendemain.
Écrire c’est cet entre soi dont nul ne sort indemne.
Écrire c’est ce Goncourt que l’on ne décrochera pas, faute de ne pas avoir essayé.
Écrire c’est la trace indélébile de ceux qui s’en sont allés de l’autre bord.
Écrire c’est l’empreinte de ses pas sur la grève mouillée.
Écrire c’est le fil à la patte du caméléon.
Écrire c’est cette fenêtre ouverte sur un monde que l’on pensait clos.
Écrire c’est parfois le silence des mots.
Écrire c‘est une plume tombée du ciel qu’un ange est venu déposer entre les songes.
Écrire c’est un pan d’éternité.
Écrire c’est un brin de printemps au cœur de l’hiver, quand ce précoce bourgeon défie la morsure du gel.
Écrire c’est le phrasé musical des troubadours et des poètes.
Écrire c’est se persuader que tout reste possible.
Écrire c’est ce bel oiseau blanc défiant les tourments du ciel.
Écrire c’est ce fil tendu entre les nuages sur lequel viennent se poser moultes chimères.
Écrire c’est un bonheur sans concession.
Écrire c’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap !
Écrire c’est un temps pour si, paillettes de soi.
Écrire c’est cette guirlande de mots déployée tout en haut du mat de cocagne de l’élu du village.
Écrire c’est cet édredon douillet sur lequel somnolent pudeur et délicatesse.
Écrire c’est trois petits points et puis s‘en vont…
Écrire c’est le mot de la fin.