DÈS POTRON-MINET
« Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. » Kalil Gibran

Perclus d’indolence le jour se lève comme pour se mêler à la confusion du monde. Fripée par la pantomime des vents la vie persiste, toujours là sans rien d’autre qu’elle-même. Fluide et limpide comme le ballet des oiseaux, bluffante d’émotions, digne des plus conteurs de naguère.
Par delà les terres dévêtues, les voyageurs égarés parvenus au seuil du monde, regard rivé au loin sur le sillage où sombrent les myriades de danseuses étoiles. Entre chien et loup, face à l’inconnu qui lui fait face l’ébauche de reviviscence embrase l’horizon à pas feutrés. Carrousel de réjouissances divines.
D’un revers de la main le voilà seul, unique pupazzo face à l’issue dérobée, comme pris au piège de sa propre comédie. Au pied des gradins les belles phrases qu’il eut voulu dire coulaient à flots, sans dessus dessous. Fatras de paroles tues depuis la nuit des temps. Ultime planche de salut.

Dans la chevelure pourpre de la dame des dunes, quelques poussières de rayons d’or. Sans laisser la moindre trace, elle se perd avec délice dans les bégaiements du rivage festonné d’amas de rochers. Parfois le vent y vocifère au bord des entrailles où semblent s’abriter chimères et folies de pèlerins en déroute. Tous les sentiers aboutissent à la grève, après il ne reste plus que l’océan qui s’esquive dans le mystère des flots.
Lui, s’enivrait de ces fragrances iodées de certains soirs de grande nudité d’âme. De retour parmi les limbes, assailli par le silence des ombres, il lui semblait s’extirper d’un rêve déjà vécu dont il se moquait impunément du sens. Le même vent gonflait la voile qu’il tenait à bout de bras en signe d’adieu. En somme, à la lisière des herbes folles, larguer les amarres jusqu’au prochain débarcadère. Immuable chassé croisé, l’atmosphère est à l’orage. Et si la vie n’était plus qu’un simple reflet aperçu à travers le miroir de nos propres désillusions.