CANTIQUE CHAMPÊTRE DU FOND DE NOS CAMPAGNES

 » Les saisons ça ne se discute pas. » Raymond QUENEAU

Dès la pointe du jour l’aube s’éveille

Promise de mille éclats de soleil.

La mine encore bouffie de sommeil

Le fond du ciel baille aux corneilles.

Petit hérisson s’est noyé ce matin

Dans la mare au fond du jardin.

Diantre, quel funeste destin

Histoire sans grand lendemain. 

Pie revêche dérobe les noix

Pour les enfouir à l’abri des grands froids.

Tapie dans la clairière du sous bois

Voilà qu’elle lance ses cris d’effroi.

Sous de folles brindilles d’épis 

Entre les brins de mousse tapis,

Rouge et noir cramoisi

Duo de gendarmes assoupis.

Parés de plumes chamoisées

Pour la belle parade de l’été,

Le plus sensuel des ballets

Duo de tourtereaux exaltés.

Dans le calice d’une fleur

Butinant à toute heure,

Une abeille en apesanteur

Mielleuse douceur.

À l’affût de proies friandes

Crochets et mandibules en attente,

D’une piété quasi effarante

Religieuse à l’amante.

Entre foins et labours

La vue mérite le détour.

Pas âme qui vive aux alentours

Seuls les corbeaux noir velours.

En filigrane l’arc en ciel fredonne

Cette candeur un tantinet monotone

Des couleurs chatoyantes de l’automne

À croire que le Ciel quémande l’aumône.