AUTRES TEMPS
Ce passé composé s’intercale au présent imparfait.
Pourquoi ce passé révolu n’en finit plus
De coller au quotidien de l’existence ?
Ce passé, vieux déclin jauni aux coins écornés
Sans cesse nous interpelle,
Nous bouscule, nous bascule,
Nous dérange et nous invective.
Ce passé d’interférences permanentes.
Quel est son sceau de légitimité ?
Ce qui fût n’étant plus, et pourtant…
Ce qui est, ne devrait plus être.
Suprêmes difficultés de l’instant présent.
Voilà qu’il se télescope
Avec la chronologie des temps,
Bousculant l’ordre des choses
Que l’on eût cru établies.
Passé, présent, futur
Tout et rien qui se conjuguent à la fois
Au même temps, en même temps.
Le temps de le dire
Le temps de le faire
Et le temps de le vivre.
Ce passé las,
Ni plus ni moins chronophage,
Qui distille son poison,
Brouillant les pistes,
Embrouillant les esprits,
Enveloppant la réalité
De sa nauséabonde nostalgie.
Comment y voir plus clair ?
Peut-on faire abstraction de ce qui fût
Et de ce qui n’est plus ?
Illusions mensongères,
Sensations passagères
Nos émotions les plus sincères
Nous ramènent sans cesse
A la perpétuité de notre histoire.
Immensité d’un désert
Qui donne l’étrange sensation
D’un vertige abyssal.
Éternel tempo
D’une époque révolue.