À LA MARGE DE NOS HÉSITATIONS

Publié par Vent d'Autan le

« Capable d’être dans l’incertitude, le mystère et le doute, en oubliant l’exaspérante quête de la vérité et de la raison. Voilà l’état d’esprit qui convient. » Phillip Pullman

Et si, par le plus capricieux des enchantements, la moindre parcelle de nos désirs les plus intimes pouvait s’incarner à l’appel du grand large, tel un magnétisme ambiant opérant du côté sauvage de nos regards fuyants du côté du ponant. Un peu plus loin que la léthargie de nos sommeils assourdissants.

Et si, pour répondre à l’indicible défi des temps qui filent par delà nos destinées exilées, l’on tentait quelque peu de se rapprocher des grandeurs immaculées au fur et à mesure de l’incontournable dépaysement de nos âmes. Parenthèse qu’un semblant de rien pourrait bien enrober d’intenses fulgurances. 

Et si, les paysages fondus et confondus en une seule et même illusion esquissaient à l’unisson de possibles scénarios entre la résurgence d’intimes promesses, imprégnées en toile de fond jusque dans les torpeurs de nos cœurs brisés. Lassitude de faits divers de nos vies schizophrènes.

Et si, avec nos toutefois, inconscients synonymes de bon vouloir, l’on tentait un tant soit peu de s’accommoder de ces supposées résolutions posées et proposées dans l’ivresse collective de l’an neuf. À quoi bon tenter coûte que coûte de s’imposer son propre lot de contraintes, sachant pertinemment que bien peu ne seront tenues, vouées au carcan des oubliettes. Promesses sans lendemain, histoire de se faire croire que, peut-être bien.

Et si, de tous les embarras vécus dans les encombres des jours de traîne, bien trop souvent passées sous silence, chacun pouvait s’écrire en douce complainte au point de se complaire dans les recoins les plus florissants. Pour qu’en coulisses, opère la magie du rebondissement. Rhapsodie de multiples instants.

Et si, au faîte de l’empyrée, sollicité de toutes parts, les dieux, caparaçonnés sous les feux de la rampe, narguaient par défi ou simple moquerie la piètre condition humaine sous l’attrait d’impulsions irraisonnées. Version caricaturale, sans détours ou fausses réconciliations. Tel spectacle composé comme une sorte de tribu imagée, voir imaginaire.

Et si, la multiplicité de chacun de nos choix ne faisait qu’influencer nos parcours de vies au bénéfice du doute, au point de cristalliser le moindre de nos efforts. Autant de possibles s’invitant dans l’intensité de cette ferveur, jusqu’à solliciter la candeur de nos explorations sans fin.

Et si, en présence de nos propres errements, à force de se perdre corps et âme dans l’étourdissement de nos pensées assourdissantes, l’intention venait à sombrer dans nos silences de profonde amertume. L’intime, se déployant en coulisses, à l’écart des feux de la rampe.

Et si, au gré de nos humeurs, malgré la réticence de nos vagabondages, fallait-il gonfler les voiles au rythme des vents qui viennent onduler le prisme de nos sensibilités. Une fois n’étant pas coutume, pour vivre des instants pas tout à fait comme les autres, entre ombre et lumière, d’aussi loin que l’on s’en souvienne au nez et à la barbe de nos pensées ruminantes.

Et si, malgré toutes les roses de Mai, notre Moi explétif sujet aux retranchements perpétuels, encombré dans le fatras de nos obstacles, s’élevait malgré nous en un mur infranchissable, barricade de nos cœurs. Abandonnés dans les frissons électriques des tourments de l’amour, délicieuses et déchirantes sensations germant  dans le berceau de nos propres désillusions.

Et si, à la marge de nos doutes, s’encombrait le fil sacré de nos parcours floutés. D’autant plus qu’une simple évidence. Esquisse de la mansuétude de l’existence qu’est la vie, funambule entre les lignes de la providence. Je – Tu- Il. Aile ou île. Quintessence poétique de nos émois.

Et si…