LES ARCANES DE L’ÂME

le cèdre bleu

Tous les destins, sans aucune exception, sont tour à tour jalonnés d’évènements plus ou moins éprouvants. Au long cours de l’existence, chacun traverse de douloureux épisodes qui précipitent les individus dans d’intenses désespoirs dont il est souvent difficile, voir quasi impossible, de s’en extraire seul et sans encombre.

Quand, de toutes parts, gronde le tonnerre de l’orage et que la foudre, vive comme l’éclair, vous pulvérise en miettes, se relever pour mieux se reconstruire reste un exercice bien trop périlleux. Pour se retrouver et redonner un sens à cette vie défaite, disséminée en mille morceaux épars, parfois une main tendue, là où l’on ne l’attendait pas, au moment où l’on n’y croyait plus.

Engloutis corps et âmes dans les tourmentes de la vie, ils ont fait naufrage sur les rivages de ce lieu d’écueil et de quiétude, à l’écart de la furie et de l’extrême  folie du monde. Un endroit privilégié, bordé de cèdres bleus centenaires, élancés à l’assaut de cieux plus cléments.

Berceau si particulier, où la question de sens et d’essentiel, au centre  de la reconstruction et de la reconsidération de chaque être humain, fait écho à la renaissance de ces individus hors norme, en totale rupture de ban social. Une terre d’asile où chacun reste unique et où chaque histoire devient un véritable défi. Une parenthèse au cœur des trépidations de vies bousculées, chavirées dans les épouvantes des précipices.

Issus d’univers et d’horizons aussi divers que variés, tous ont échoués ici bas, en cette oasis d’espérance. Improbables rencontres de personnages atypiques et singuliers. Fractures sociales, accidents de vie, douloureuses ruptures, deuils impossibles, mélancolie obscure, humeurs maussades, torpeurs de l’âme, leur point commun est cet éparpillement confus de l’être, disloqué aux quatre vents.

Accompagnés au quotidien par une équipe pluridisciplinaire, à l’écoute de la souffrance et de la douleur humaine, la reconstruction, lente et douloureuse, s’accomplit au fil d’un processus de lâcher prise et de libération des émotions ankylosées, enchristées dans des murs de silence. Un soutien personnalisé et adapté aux besoins de chacun, à son rythme, à son envie, à sa rage de continuer de vivre, à son désir de s’en sortir, de survivre coûte que coûte.

Plusieurs ateliers d’explorations sensorielles et émotionnelles sont proposés, où l’on apprend peu à peu à sortir de l’ombre, à oser affronter ses peurs les plus farouches, à se confronter à ses propres démons, à se dévoiler au grand jour,  à partager ses douleurs insondables, à s’accepter et à s’ouvrir aux autres, au regard de l’autre. Tous les affects y sont mis à nu, l’humain, écorché vif traverse et explore l’infinie galerie de tableaux de l’immensité de la misère humaine, univers de mise à mort et de métamorphoses.

Affirmation de soi, estime de soi, psychologie positive, psychopathologie, art thérapie, musicothérapie, conte et écriture, ergothérapie, émotions en mouvement, groupes de parole, autant de pistes d’introspections nouvelles, dont le maitre mot du groupe de professionnels est : bienveillance. Lieu d’écoute et de parole fondé sur l’accompagnement et l’accomplissement. Un lieu qui fait sens, au cœur des turbulences de la vie.

En toute fin de parcours, sont proposés deux ateliers de théatrothérapie, crées et animés par Pierrot Corpel de la Compagnie A et Benoit Mogné, psychologue. L’objectif premier est de travailler sur sa propre histoire personnelle à travers l’interprétation de plusieurs personnages. La particularité de leur travail, unique en France, basée sur des techniques et des méthodes thérapeutiques qu’ils ont su créer et développer durant toutes ces années, donne à voir des spectacles d’une vérité rare.

Le théâtre est ce lieu d’expression libre et libératrice qui permet à chacun d’endosser des costumes mal taillés et d’exprimer des facettes de personnalités insolites jusque là inexplorées, voir inexploitées. Le plus généreux peut tout à coup devenir un pingre de premier ordre et le plus complaisant des êtres humains s’incarner en odieux ou vicieux  personnage abject. Tous les registres, les plus divers, les plus variés et les plus invraisemblables peuvent ainsi être visités et interprétés en toute quiétude.

Chacun peut devenir et incarner le pire de ses cauchemars et le meilleur de ses espoirs, tout en explorant sans limites et sans encombre tous les tréfonds et tous les moindres replis de la psychologie humaine. La vie avec ses drames les plus abjects et ses tragédies les plus intimes.  

Dans un étrange silence, teinté de stress et d’angoisse, sur les planches, juste après les trois coups fatidiques, dès le lever de rideau, le monde est à vos pieds, il vous appartient. Quand Ombres et lumières ne font qu’un seul et même personnage, celui de sa propre Comedia dell’arte.