QUE SONT LES HOMMES DEVENUS ?

A quoi bon se ressembler © Vent d’Autan

Ainsi que le troubadour chantait

J’aurais voulu te ressembler.

Dans l’ombre de tes pas, je marchais.

Sempiternel petit Poucet.

Je voulais tant te ressembler

A vouloir être qui tu étais.

Fidèle, toujours à tes côtés,

Incarnation de ton reflet.

Te ressembler, accord parfait.

Au fond de mes yeux tu brillais

Toi, moi, le monde entier.

Similitude au singulier.

Comment ne pas te ressembler ?

Toi sur ton socle auréolé

Mon héros, de cape et d’épée

Cet Idéal, à incarner.

Te ressembler, j’ai essayé.

Papier buvard, copié-collé

De chacun de tes rêves et secrets,

Ensemble tutoyer les sommets.

Vouloir te ressembler, oui mais….

Pale copie de papier mâché

Illusions à l’imparfait

Fils de, trois petits pointillés.

Te ressembler, plus rien n’y fait!

Du piédestal tu es tombé.

Sans rancœurs, sans regrets.

Pardon de vouloir exister.

Pourquoi ne pas te ressembler ?

Difficile d’être soi, d’exister.

Un jour, je me suis éveillé

Une évidence s‘est imposée.

Trait de caractère forcené.

A se ressembler traits pour traits,

Par mille tourments j’ai trop erré

Les mots en-soi barricadés.

Comment faire pour s’y retrouver ?

Jusqu’à ne plus te ressembler,

Illusion d’un poison doré.

Trop usé, trop abusé.

Plus jamais question de tricher.

Les hommes ne peuvent se ressembler.

Ensemble tout devenait si compliqué,

Plus aucun espace de liberté.

Comment te dire, que je m’en vais ?

Hérédité, se ressembler.

Nos chemins se sont séparés

Chacun pour soi de son côté

Au crépuscule de l’aube dorée.

Ressemblance, ordinaire portrait.

L’indifférence nous a tué.

Difficile de s’apprivoiser.

Tant besoin de me retrouver.

Ressemblance caricaturée

Entre parenthèse et pointillé

Où me tourner, où te trouver ?

Se parler, éternel pêché.

La plaie peut bien cicatriser

A présent je peux me mirer

Dans le halo de mes reflets.

Le troubadour, lui seul qui chantait….