JOUTE DE MOTS

La dispersion des mots se crispe

Sous l’infâme tyrannie du verbe.

L’écriture salvatrice ne porte plus

Les longues échappées lyriques

D’assonances alambiquées

Au fil des vers au pied levé.

Envolée la dramaturge

Des prudes voyelles déployées

Piétinée l’accroche âpre et rugueuse

De ces vilains mots qu’on sonne !

Le silence accroche la portée

Deux Noires pour une page blanche.

Angoisse subliminale de tant d écrits vains.

La partition n’est plus que pause,

La répétition que soupir.

Le silence impose sa transparence

Aveugle et sourde.

L’allégorie des mots

S’enflamme sous les oripeaux

Des hiéroglyphes désaccordés.

Les hexagrammes du feu et de la brume

Perdent l’interprétation mystique

De leur symbolique bafouée

Yin miroir du Yang.

La prose  s’impose

Apostrophe les strophes

La syntaxe désaxe la flexion de l’allégorie

Sous l’inflexion du discours de l’apologie.

La ponctuation point virgule

N’’est plus que pointillés

L’écriture se fait illusion illusoire

Emportée dans le sillage du vent.

Alors les mots prennent leur envol

A contre-pied, à contre-sens

S’inscrivant en blanches trainées fugaces

Dans le bleu assourdissant de l’azur.

« Poètes…vos papiers ! »